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Alerte aux TES !

Le 28 octobre 2016, malgré l’avis défavorable de la CNIL, le gouvernement de Manuel Valls  a autorisé la création des Titres Electroniques Sécurisés (TES). Il s’agit d’un  fichage centralisé des données biométriques des Français : état-civil, date et lieu de naissance, sexe, couleur des yeux, adresse, nationalité des parents, mail, téléphone, photo numérisé du visage, empreintes digitales des deux index, et toutes les pièces du dossier de demande de carte d’identité ou de passeport. Ce fichier d’Etat (nul ne peut y échapper) sera consultable par les agents des ministères de l’Intérieur, donc aussi préfectures, et des Affaires étrangères. L’objectif officiel est de lutter contre la falsification de titres et l’usurpation d’identité. C’est pourquoi la propagande étatique l’appelle le « fichier des honnêtes gens ». En réalité, il permettra un flicage généralisé, mais aussi de réserver un sort particulier à des cohortes de personnes triées par un ou plusieurs critère.

Car les données biométriques sont des informations hautement révélatrices. On imagine ce que pourrait en faire Mme Le Pen ou tout pouvoir même « démocratique ». Dès 1930, les  Pays-Bas avaient  fiché toute sa population sur cartes perforées. Aubaine pour les rafles à venir des nazis ! Avec un tel fichier, Jean Moulin n’aurait pas tenu deux jours. Pas plus qu’en 1940, des fonctionnaires républicains n’auraient pu fabriquer les faux papiers  qui ont sauvé des milliers de gens de la déportation. .Aux objections du Conseil National du Numérique et de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), l’Intérieur objecte que «les données biométriques propres à la CNI existent déjà ». Certes, mais elles étaient jusqu’ici conservées sous format papier, de manière décentralisée, dans les préfectures. Elles seront désormais réunies sous forme numérisée dans un seul et même système. C’est bien cette centralisation qui fait problème.

Si le seul souci de l’Etat était d’empêcher la falsification des titres d’identité, il suffirait de stocker les données biométriques dans une puce intégrée au titre, ou via un QR code. Outre que le procédé est beaucoup moins onéreux, la non-centralisation et la cryptographie  actuelle (« blockchain ») rendraient ces données non-susceptibles de traitement de masse et inviolables par des pirates. Si …

Jean-François HEROUARD, février 2017