TECHNOlogos Travail, numérique au temps de la covid

Assesseur internet

De Carlos Talk 

Simple observateur

 

Au mois d'août 2018, j'ai été engagé via la plateforme internet de recherche d'emploi nommée Indeed, par la société Lionbridge Technologies, Inc. « dont les principaux secteurs d'activité sont la traduction, la localisation, l'interprétation, la création de contenu, le développement et le test de logiciels. La société est présente dans 26 pays à travers le monde, notamment en Irlande, en France, en Belgique, en Pologne, en Inde, au Japon, en Chine et au Brésil. » [1]

Après avoir justifié tous les requis et scanné tous les documents demandés, me voici pratiquant le "training" l'entraînement technique d'une durée de 1 mois afin d'être le meilleur « assesseur internet ». Entraînement technique non rémunéré.

Le poste d'assesseur internet consiste à évaluer la qualité de l'information des résultats des requêtes tapées par l'internaute dans le moteur de recherche Google, c'est-à-dire la cohérence du résultat en fonction des mots clés et des liens publicitaires. Il consiste aussi à comparer les sites selon toute une série de critères bien précis, afin de confirmer lequel est le plus lucratif et efficace. Et tout cela en fonction de la culture et de l'actualité du pays. Cette tâche technique exige une grande capacité d'attention, de la patience, une grande culture et une très bonne vision lucrative de tous les moyens techniques.

La difficulté est qu'il faut toujours se mettre à la place de l'internaute qui effectue la recherche et prendre en compte la position géographique de la requête par rapport au résultat.

L'analyse se fait en anglais et/ou en français avec le statut d'autoentrepreneur. Il faut s'inscrire à l'URSSAF et être en possession de ses propres moyens techniques : téléphone multifonction personnel mis à jour, ordinateur personnel mis à jour, scanner personnel, bonne connexion internet, électricité. Il faut aussi créer une adresse email gmail dédiée uniquement aux échanges des missions, une adresse mail qui ne doit pas faire référence à l'intitulé du poste ni au programme, une adresse mail qui ne permet pas d'identifier Google ni Lionbridge.

Le poste est un part-time - un poste à mi-temps -, limité à 20h par semaine, rémunéré 13,90€ de l'heure. Le poste est également nomade, c'est-à-dire que l'on peut travailler de n'importe où, tant que l'on reste en France et tant que l'on dispose d'une bonne connexion internet. L'organisation du temps de travail est libre tant que l'on atteint l'objectif des 20h par semaine.

Après le mois de training à analyser des sites internet, des images, des textes, des liens, des mots clés de requêtes, j'ai le choix d'analyser ou non du contenu dit sensible. J'ai accepté. Étant diplômé, avec mention « Très Bien » d'une grande école de graphisme, bien formé à la culture internet, je pensais découvrir ou redécouvrir des images familières. Mais non. Les images de chirurgie, de guerre, de cadavres, de maladie, de malformation, de pornographie, de voyeurisme, de presse-people étaient finalement pas du tout confortable à analyser. Ces images étaient stressantes car non seulement je ne maîtrisais pas assez les techniques de ces domaines afin de les analyser au mieux mais également insupportables à analyser à la chaîne. Par exemple : comparer des images d'opérations chirurgicales "gore" avec celles de maladies "gore" également. Il me fallait les analyser pour les classer et juger de leur authenticité.

Bien que le confort de ne pas utiliser les moyens transports était présent, j'ai rencontré des difficultés à travailler depuis mon salon : changements de consignes brusques, saturation au bout de 2h30. J'avais un rapport exclusif avec la machine via des emails entrainants signés qu'avec des prénoms féminins uniquement.

J'ai été "libéré" - licencié - de ce travail avec comme message : " n'est pas de la qualité attendue". J'ai reçu ma paye 4 mois plus tard et la machine "employeuse" m'a recontacté et proposé d'autres postes quelques jours plus tard.

Je m’en suis tenu là.

Notes