TECHNOlogos 6èmes Ateliers d'été du 26 au 28 juillet 2019 à L'Amassada

La surenchère électrique, impact local et les grands enjeux

Historique de la lutte contre le projet de méga-transformateur

(Reprise des éléments fournis par les militants de Plateau survolté et sur le site de l'association)

Le plateau de Saint-Victor est déjà largement colonisé par les infrastructures électriques : des lignes THT le parcourent en tous sens et, entre le village de Saint-Victor et celui de Melvieu, un premier transfo occupe 1,5 hectare, renvoyant sur une dizaine de lignes de 225 000 ou 63 000 volts la production des usines hydroélectriques des barrages du Tarn (l'Aveyron est le deuxième département français pour la production d'électricité hydraulique). Par ailleurs une ligne 400 000 volts traverse la commune et le département sans être pour l'instant reliée à ce transfo.
L'intention de RTE (société anonyme chargée du transport d'électricité haute tension par un contrat de service public, en situation de monopole et dont tous les coûts sont répercutés dans les tarifs) est d'injecter sur chaque ligne 225 000 et 63 000 volts de l'électricité provenant de parcs éoliens en construction ou en projet (est du Tarn, Nord-Hérault, Aveyron), et de soulager le transfo actuel par une évacuation sur la ligne 400 000 volts. Or, pour relier l'actuel transfo 225  kV à la ligne 400  kV, il faut... un autre transfo. Ce nouveau transformateur serait donc relié en alimentation à l'actuel par deux doubles lignes 225  kV et en évacuation à la ligne 400  kV. Et il occuperait 5 à 6 hectares de terres agricoles, les meilleures du plateau, alors même que la loi Alur, ainsi que le Parc régional des Grandes Causses, interdisent la suppression de terres agricoles (sauf compensation... n'importe où ailleurs).
RTE, comme EDF pour le nucléaire, achète l'accord des communes impactées en les arrosant financièrement  : elle verse 600.000 euros par an à celle de Saint-Victor-et-Melvieu.

Début 2010, le maire d'alors entérine le projet sans consulter les agriculteurs, en falsifiant un compte rendu de délibération du conseil municipal où la question n'a en fait pas été abordée.
Deux conseillères municipales cherchent à comprendre de quoi il retourne, et c'est le début de la résistance. L'association Plateau survolté est créée en mars 2010. Elle informe la population, fait signer par 80  % des habitants de la commune une pétition qu'elle envoie au préfet, qui n'y répond pas  ; elle organise des réunions publiques, mobilise lors de l'enquête d'utilité publique...
Aux municipales de 2014, un nouveau maire est élu sur une liste d'opposition au projet, ce qui facilite beaucoup les initiatives des opposants. Mais il se heurte à l'hostilité des autres maires de la communauté de communes.

Durant l'hiver 2014-15, d'autres opposants au projet vivant ailleurs dans la région décide de construire, avec l'accord du propriétaire, une maison sur une parcelle située au cœur des terres impactées. Cette initiative est dans l'ensemble perçue positivement comme un moyen de renforcer la lutte en ajoutant l'occupation aux autres formes déjà expérimentées (même si la résistance à Sivens dans le Tarn voisin, suivie de la mort de Rémi Fraisse, a fait naître quelques réticences chez certains adhérents, chez les agriculteurs notamment).

En 2017, 134 «  indivisibles  » signent l’acte de propriété en indivision de la parcelle occupée, comme cela s'est fait autrefois au Larzac, dans le but de ralentir l'expropriation.
En 2017 est également créée l'université rurale du Sud-Aveyron, dans le but de «  développer une capacité de mieux penser et agir en faveur de la vie et de la sauvegarde des territoires ruraux  ».

Malgré tout cela, le processus de validation du projet poursuit son cours et en juin 2018 Nicolas Hulot signe le décret d'utilité publique. En août 2018, l'association dépose un recours, attaquant le décret sur le manque d'étude d'impact, le manque de concertation et la non-utilité du projet (seuls 450  mégawatts de production éolienne sont installés aujourd'hui sur les 2100 prévus au départ). L'instruction vient de s'achever et l'affaire sera jugée fin 2020.

Le processus d'expropriation, bien que compliqué, est arrivé à son terme cette année.

Depuis fin 2018, on est entré dans la phase répressive. Le préfet a pris une ordonnance d'expulsion en décembre 2018 et une autre en juin 2019. Des gendarmes surveillent les lieux en permanence. D'où les arrestations, les inculpations pour «  association de malfaiteurs  », «  entrave à la circulation  », les référés avec demande d'interdiction de territoire, les prises d'empreintes et d'ADN. La pression est mise sur tout le monde. L'un des membres actifs de l'association a trois inculpations sur le dos.

D'une manière générale, les rapports avec les écologistes officiels sont compliqués, car pour eux l'éolien comme toutes les énergies «  vertes  » sont à défendre quasiment sans distinction. Sur la lutte contre l'éolien industriel, à EELV comme à la Confédération paysanne, les positions sont partagées. José Bové, lui, a fini par prendre position en faveur du projet au nom de la défense de l'éolien (il faut dire que l'association aveyronnaise Champs du monde à laquelle il est lié a reçu 35.000 euros de subvention de la «  fondation RTE  »...).

Nicole