Seuls et ensemble
en système technicien

Rencontres annulées

 


 























































 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 De la quête de confort au productivisme 

Il y a cinquante ans, Jacques Ellul analysait la société de consommation comme le résultat d'une quête insatiable de confort matériel :

Que requiert à présent l’homme ? Essentiellement le confort.
Toute production est orientée par ce besoin de confort.
Le but du confort est la satisfaction d’une digestion perpétuelle, satisfaction de musique comme satisfaction d’air conditionné. 

Métamorphose du bourgeois, 1967

On connait la suite : pour satisfaire cette boulimie de confort, les humains ont mis en place un système économique axé sur la production de masse : tous les moyens techniques sont déployés pour développer ce système (au point que "le développement" devient une fin en soi) et que le critère suprême de nos sociétés est devenu la recherche absolue de l'efficacité maximale en toutes choses, d'où la place résolument centrale et déterminante de la technique dans l'imaginaire collectif... et pas seulement celui de nos "décideurs" :

Le phénomène technique constitue la préoccupation
de l'immense majorité des hommes de notre temps 
de rechercher en toutes choses
la méthode absolument la plus efficace.
La technique ou l'enjeu du siècle, 1952

La conséquence première du productivisme est le pillage des sous-sols ainsi qu'une pollution démentielle des airs, des sols et des eaux. Si bien qu'en novembre 2017, 15000 scientifiques de tous pays ont poussé un cri d'alerte, appelant les populations à vivre de façon modérée, notamment à réduire drastiquement leurs transports.

Depuis... tout continue comme avant. Ou plutôt empire. Le cas de la France est particulièrement affligeant. Certes, en janvier, l'État a cédé sous la pression de centaines de personnes qui se mobilisaient depuis des années contre la construction d'un aéroport supplémentaire à Nantes. Nos gouvernants ont alors publiquement reconnu que les liaisons aéroportuaires ne pouvaient "plus s’envisager aujourd’hui comme il y a 50 ans ou même il y a 20 ans". Hélas, au lieu de remercier les résistants pour la lucidité (dont ils reconnaissaient eux-mêmes implicitement être dépourvus), et alors que ceux-ci avaient le projet collectif d'y expérimenter de nouvelles façons de vivre et de travailler, Nicolas Hulot et ses accolytes font expulser la plupart d'entre eux au motif qu'ils ne sont pas propriétaires des lieux ou qu'ils ne répondent pas à toutes sortes de normes techniques... Dernier épisode (1er juin) : dans la plus totale opacité, l'État s'apprête à revendre une grande partie de la Zad au département... lequel est de mèche avec la chambre d'agriculture, la FNSEA et tout le lobby productiviste. Le spectacle de la concertation entre l'État et les zadistes n'aura donc été qu'un divertissement, destiné à faire diversion : la zad a échappé au bétonnage, elle sera soumise aux pesticides. Et une fois de plus, les lois de l'argent et de la technocratie l'emporteront sur la sauvegarde de la nature.

On pourrait ici conclure que si les choses n'évoluent pas, c'est "la faute au capitalisme" et aux oligarques protégeant leurs intérêts. Ce qui est vrai mais en même temps extrêmement superficiel.

 Les causes de tous les maux 

La réalité est en effet plus complexe et il faut retenir ici au moins trois facteurs.

.1. Tout d'abord, il faut admettre l'antécédence d'une idéologie du bonheur à l'idéologie capitaliste et l'idéologie technicienne :

Dans l'état capitaliste, l’homme est moins opprimé
par les puissances financières que par l’idéal bourgeois
de confort et d’assurance. C'est cet idéal qui donne
leur importance aux puissances financières.

Directives pour un manifeste personnaliste, 1935

Le capitalisme ne constitue pas la cause du problème, il n'est que le mode opératoire d'une quête de confort émanant de l'ensemble des humains ; laquelle quête dépasse largement en ampleur la soif de profit, qui n'émane, elle, que d'une poignée de patrons et d'actionnaires.

Si ces derniers, bien que minoritaires, parviennent à imposer  leur domination sur les plus nombreux, c'est qu'ils leur apportent sans cesse une promesse de  confort matériel :

Plus la mentalité technicienne gagne dans notre société,
plus se perd la volonté révolutionnaire.

De la révolution aux révoltes 1972

La technique anesthésie litéralement l'esprit critique :

Le conformisme constitue le totalitarisme de demain.
L'homme divisé, 1993

.2. Si l'on en arrive à ce stade, c'est que le moteur de la productivité, ce n'est plus le travail humain, comme au temps de la "révolution industrielle" et de Marx. Avec l'avénement de l'automation puis celui d'internet, ce n'est plus lui qui est créateur de richesses" mais la technique.

Réactualisant la pensée de Marx, Ellul conclut ainsi :

Le capitalisme est une réalité déjà historiquement dépassée :
Il peut bien durer un siècle encore,
il n'a pas d'intérêt historique.
Ce qui est nouveau, significatif et déterminant,
c'est la technique.

A temps et à contretemps, 1981

Il est sans intérêt de se focaliser sur « les » techniques ; il est en revanche essentiel d'appréhender « la » technique dans son ensemble :

Certains déclarent que “la technique” n’existe pas
et qu’ils ne connaissent que des techniques.
Cela tient à un réalisme superficiel.
La technique en tant que concept permet
de comprendre un ensemble de phénomènes
qui restent invisibles si on se situe
au niveau de l’évidence perceptible.

Le système technicien, 1977

.3. Du fait que l'État constitue l'instance de légitimation de l'idéologie technicienne, elle-même pourvoyeuse de confort matériel, il n'est jamais critiqué en soi (sauf par quelques anarchistes). Or sans la prise de conscience de ce mécanisme de dépendance des humains vis-à-vis de l'État, aucun changement n'est a priori envisageable :

La conscience révolutionnaire du prolétariat
faiblit constamment car le
welfare state 
désamorce tout conflit de classes.
Il se produit un blocage des volontés
révolutionnaires par le bien-être.

De la révolution aux révoltes 1972

Aujourd'hui, ces trois facteurs ne sont toujours pas conscientisés.  

La majorité des humains, y compris les universi-aires et ceux qualifiés d'intellectuels, restent campés sur la vieille idée que les techniques ne sont que "des moyens permettant d'atteindre une fin" et que "tout dépend de l'usage qu'on en fait".

Bien que tous les politiciens ne cessent de louer "l'innovation" (version contemporaine du cantique du "progrès"), peu de gens réalisent que la technique constitue "une finalité en soi" et qu'ils évoluent moins en système capitaliste qu'en système technicien.

Cette absence de lucidité se reproduit dans tous les milieux, y compris les sphères militantes.

 La responsabilité des militants 

Si donc le saccage de la planète se poursuit, les militants - du fait qu'ils restent campés sur de vieilles idées reçues - endossent une part de responsabilité.

  • Une grande majorité d'entre eux, tout d'abord, n'ont pas rompu avec les vieilles grilles de lecture marxistes. Ainsi par exemple en France, le succès électoral des Insoumis, quoique relatif, révèle que bon nombre de gens croient encore au "grand soir" et à la fin du capitalisme. Or c'est précisément parce qu'ils ne s'attaquent jamais à l'idéologie technicienne que celle-ci se déploie comme jamais... alimentant toujours plus le capitalisme, comme le montre le phénomène des GAFA ("Géants du Web").
     
  • Parmi celles et ceux qui admettent que l'idéologie du progrès est sur-déterminante, beaucoup s'engagent hélas en ordre dispersé : les "anti-nucléaire", les "anti-OGM", les "anti-aéroport"... procèdent de façon sectorielle, ne tenant aucun compte de cet avertissement :

Faire des protestations contre la bombe à hydrogène
sans attaquer l'ensemble de la société technicienne
ne sert qu'à se donner bonne conscience.

De la révolution aux révoltes, 1972

Quarante ans ont passé... le système technicien s’est considérablement renforcé. Les humains s’y sont globalement accoutumés et on voit mal par quel miracle ils pourraient le percevoir comme tel :

Ce n'est pas la technique qui nous asservit
mais le sacré transféré à la technique,
qui nous empêche d'avoir une fonction critique
et de la faire servir au développement humain.

Les nouveaux posédés, 1973

L’idée que l'ensemble de l’écosystème est profané par le système technicien du fait que celui-ci est sacralisé reste majoritairement et fondamentalement (...donc tragiquement) impensée.

 Vers une communauté technocritique 

Dans quelle mesure pouvons-nous parvenir à convaincre les anti-OGM, les anti-nucléaire, les anti-puçage, les anti vidéosurveillance, les anti-pub, etc, qu'ils font fausse route quand ils font "bandes à part", quand ils se focalisent sur les objets techniques et ne prennent pas en considération la technique dans son ensemble ? Pourrait-il exister un jour une « communauté technocritique » ? Et, si c’était le cas, comment pourrait-elle contribuer à enrayer la fatalité qui, pour le moment, caractérise l’idéologie technicienne ?

Ces questions constitueront la charpente de ces rencontres.

  •  JOUR 1  LE SYSTEME TECHNICIEN AUJOURD'HUI
     (considérations théoriques)

    - Qu’est ce que le système technicien aujourd’hui ?
    - En quoi son extension provoque t-elle l'épuisement de
       l'esprit critique, la "défaite de la pensée" et son corollaire,
       la montée en puissance du cynisme et du conformisme ?
    - Quel type d'argumentaire est-il encore possible
       de développer pour démontrer son existence ?
    -  Comment faire prévaloir la liberté authentique sur
       la liberté-prétexte
     ?
    - Comment défendre "l'éthique de la non-puissance"  
       face à la quête frénétique de puissance et de confort ?
     
  •  JOUR 2  "PENSER GLOBALEMENT" LA TECHNIQUE
     (considérations pratiques)

    - Concrètement, comment oeuvrer à la "détaylorisation
     du militantisme" (anti OGM, anti-nucléaire, etc...) ?
    - En d'autres termes : comment dépasser la question
      des techniques (ou "technologies") pour déboucher 
      sur celle de la technique (en tant qu'idéologie) ?
    - Témoignages d’expériences individuelles et collectives.
     
  •  JOUR 3  POUR UNE COMMUNAUTÉ TECHNOCRITIQUE
    (agir... quand même)

    Bases pour la rédaction d'un manifeste pour une commu-nauté technocritique.

Rencontres annulées

Premières rencontres estivales
Technologos Marseille-Aix

La Pagode
Peyrolles en Provence

Dossier d'inscription : rencontres-estivales (programme, hébergement, situation..., pdf)

Demande d'Informations : marseille-aix@technologos.fr

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