L'écologie en marge

  • S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en question le « progrès » technique, la société technicienne, la passion de l’efficacité, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive. Elle n’aboutira finalement à rien mais on aura eu l’impression d’avoir fait quelque chose, elle permettra de calmer faussement des inquiétudes légitimes en jetant un nouveau voile de propagande sur le réel menaçant.

    Jacques Ellul
    Plaidoyer contre la “défense de l’environnement”, 1972
     
  • Un beau jour, le pouvoir sera bien contraint de pratiquer l’écologie. Une prospective sans illusions peut mener à penser que, sauf catastrophe, le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie.

    Bernard Charbonneau
    Le Feu vert, 1980

Chaque jour depuis six ans, la centrale nucléaire de Fukushima déverse des centaines de mètres cubes d’eau radioactive dans l’Océan pacifique. Et un peu partout, l’argument du dérèglement climatique se fait entendre comme un cri d'alarme généralisé<. On serait tenté de conclure que ces deux facteurs, pour ne citer qu'eux, seraient susceptibles d'attiser une prise de conscience qui, elle-même, se concrétiserait par un infléchissement de la vie politique "dansle bon sens".

Or il n’en n’est rien : l'écologie a globalement pris la forme d'un discours médiatisé mais stérile et des pratiques politiciennes qui profitent au capitalisme (greenwashing).  La mode pour le « développement durable » ainsi que les opérations de propagande orchestrées par les États, telles la COP21, ont des effets désastreux tandis que les partis écologiques, les uns après les autres, s’épuisent en combats d’arrière-garde et en querelles d’égos.

Nous étions pourtant prévenus : en 1980, notamment, Bernard Charbonneau lançait cet avertissement : « ce qui est consacré en temps ou en argent à l’action électorale risque de manquer pour d’autres activités, notamment le travail d’information auprès du grand public. Le souci politique et électoral devient une sorte de cancer qui absorbe tout. Et la lutte pour le pouvoir se déchaîne à l’intérieur du parti entre les tendances où l’idéologie dissimule les rivalités de personnes. La courte histoire de l’écologie a suffisamment montré à quel point l’engagement politique cultive ce genre de querelles ridicules et paralysantes ».

En quoi le diagnostic de Chabonneau pourrait-il être aujourd'hui entendu et médité ? L’étude du chapitre 8 du livre Le Feu vert (pages 111 à 127) permettra d’apporter différentes réponses à cette question. Et également de préparer la tenue de nos prochains ateliers d'été, intitulés  "Les écologistes savent-ils ce qu'est la technique ? Pourquoi perdent-ils tous leurs combats ?", qui se dérouleront du 22 au 24 juillet près de Forcalquier.

Séminaire : mercredi 26 avril à 19h , 13 rue Caisserie Marseille 2 

Le Feu vert
Autocritique du mouvement écologique

Bernard Charbonneau (1980)


2ème édition, Parangon 2009


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