Objets connectés et poussières intelligentes

Qu'en va t-il de notre responsabilité et de nos libertés ?

L’informatique permet aux humains de recevoir, produire, stocker et faire circuler une masse phénoménale de données. Et alors que celle-ci double, dit-on, tous les 18 mois, un grand nombre d’objets reçoivent et émettent à leur tour quantités d'informations, échangeant non seulement avec nous mais entre eux : on annonce la fabrication de plusieurs dizaines de milliards de ces objets rien que durant les cinq prochaines années.

Les données deviennent si nombreuses que nous peinons à les traiter et que nous concevons des algorithmes pour le faire à notre place et - pensons-nous - mieux que nous. Mais jusqu’où nous mènera cette délégation de responsabilité et qu’en sera t-il quand nous jugerons les performances systématiquement supérieures aux nôtres (comme c'est par exemple déjà le cas dans le domaine de la finance) ? Qu’en sera t-il quand, à force d’effectuer non seulement des ordres boursiers ou de présenter des journaux télévisés, ils tiendront compagnie à nos vieux parents ? Feront-ils de nous des êtres totalement techno-dépendants ? Ou, pour reprendre le jargon informatique, des HTAO (humains totalement assistés par ordinateur) ?

Laisserons-nous ces objets se multiplier à l'infini, tout en faisant mine d’ignorer leur coût au plan écologique et en sachant que certains d’entre eux, déjà aujourd'hui détournés par d’autres contre nous, le serons encore davantage demain ? Au plan juridique, contre qui devrons-nous nous retourner lorsque l'un de nos proches se sera fait renverser par une voiture sans conducteur ? A force de leur confier la charge de notre quotidien, que refuserons-nous de déléguer à ces objets ? A force de louer les prouesses de l’intelligence artificielle, qu’aurons-nous à dire de notre propre intelligence ?

Par quel étonnant cheminement en venons-nous à confier notre existence à de vulgaires conglomérats de tôles, de câbles et d'ondes électro-magnétiques ? Quel crédit accorder à ces fameux "comités d'éthiques" qui se multiplient ici et là ? N'ont-ils pas d'autre vocation, en définitive, que de valider "l'innovation technologique" en entretenant la bonne conscience ? Comment enfin expliquer le silence sidéral des politiciens sur ces questions, alors que la très sérieuse et officielle Agence Nationale de la sécurité des Systèmes d'Information nous promet déjà des morts pour cause de progrès  ?

  •  SÉMINAIRE 

    jeudi 3 mars 2016, 19h 
    AIX-EN-PROVENCE
    sur inscription seulement
    marseille-aix@technologos.fr

  •  CONFÉRENCE-DÉBAT 
    - Jean-Gabriel GANASCIA,
      expert en intelligence artificielle,
      professeur à l'Université Pierre et Marie Curie, Paris VI 
    - Philippe PEDROT,
      juriste,
      professeur de droit à l'Université du Sud Toulon 
    - Franck RENUCCI,
      chercheur en sciences de l’information et de la communication,
      maître de conférences à l'Université du Sud Toulon 
    - (sous réserve) un représentant de l'ANSSI
      (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information)

    jeudi 24 mars 2016, 17h30
    Institut d'Études politiques
    25, rue Gaston de Saporta
    Amphi Cassin
    AIX-EN-PROVENCE
    entrée libre