Économie 

Spéculer après la crise des subprimes
L'économie réelle peut-elle survivre aux actifs toxiques ?

Depuis 2007, nous vivons dans un régime d'instabilité financière permanent. Les subprimes et les dettes souveraines d'hier préfigurent d'autres catastrophes, si bien que nous sommes pris dans un phénomène chronique et que le terme "crise" - régulièrement utilisé pour désigner des cycles épisodiques - n'est plus approprié.

Précisément parce que son caractère permanent n'est pas reconnu, nul n’est en mesure d’apporter d’arguments persuasifs. Ni les soutiens du capitalisme, ni ses détracteurs patentés. Ni les "décideurs", les "experts", les "capitaines d'industrie", quand bien même leur discours sur l'efficience des marchés se veut rassurant; ni ceux qui voient dans l'État le régulateur suprême mais ne prennent pas en compte ce qu'a été, et ce qu'est encore aujourd'hui, le capitalisme d’état.

Plus exactement, opposants et partisans se retrouvent réunis dans une même impuissance car tous se refusent de reconnaître le rôle déterminant des outils et procédures techniques et le fait que leur évolution exponentielle finit par dépasser ceux qui se considèrent, encore et malgré tout, comme "les acteurs" du système.

Il est pourtant essentiel de saisir le rôle spécifique des « innovations » que sont les produits dérivés et de cesser de considérer ceux-ci comme neutres, comme on dit d'un marteau qu'il n'est "ni-bon-ni-mauvais" et que "tout-dépend-de-l'usage-qu'on-en-fait". Plus on s’obstinera  à ne pas vouloir reconnaître que ces produits se développent de façon autonome, plus le processus spéculatif sera laissé à lui-même.

Les outils deviendront d’autant plus incontrôlables,  donc toxiques, que les humains leur délègueront leurs responsabilités, tels ces robots dont les algorithmes permettent de passer des ordres en quelques millisecondes, sans la moindre intervention, leur vitesse d'exécution - dépassant celle des humains - étant un gage de profit en même temps qu’ils signent une perte de contrôle sans précédent.

Il ne peut être mis un terme à l'emballement de la finance et à sa mainmise de l'économie et de la démocratie qu'au prix d'une prise de conscience du fait que nous sommes aujourd'hui totalement dépassés par nos outils.

Disposons-nous de l'humilité nécessaire pour abandonner les grilles de lecture autrefois valables mais aujourd'hui rendues caduques par le "progrès technique" ?  C'est la question fondamentale que nous posons dans notre association.

 DÉBAT 

- Jean-Marie Harribey (économiste Bordeaux IV, Attac)
- Esther Jeffers (économiste Paris VII, Économistes atterrés)
- André Cartapanis (économiste, IEP Aix-en-Provence)
- Hélène Tordjman (économiste, Paris XIII, Technologos)

Mercredi 21 janvier
17h15 - 19h45

Institut d'Études Politiques
25, rue Gaston de Saporta
Aix-en-Provence