Travail

Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?
La valeur-travail à l’épreuve des réseaux informatiques

rencontre avec Julien Mattern,
sociologue

jeudi 27 mars 2014, 18h15
Institut d'Études Politiques

25, rue Gaston de Saporta
Aix-en-Provence

Aujourd'hui,nous voudrions tout cumuler : travailler peu et consommer beaucoup. Nous sommes la première société  à avoir tout voué au travail. L'histoire des hommes était faite d'une modération, parfois d'une défiance, envers le travail. Nous sommes désormais les adorateurs du travail et de nos œuvres. (...) C'est un choix décisif devant lequel, déjà, nous sommes placés :  ou bien travailler beaucoup pour consommer beaucoup (et c'est l'option de notre société occidentale), ou bien consommer moins en travaillant peu. Sommes-nous prêts à faire ce choix ?

Ces propos de Jacques Ellul éclairent de façon singulière les paradoxes et les apories qui structurent l’ensemble de notre civilisation au moment où, comme jamais auparavant dans son histoire, elle est confrontée au chômage de masse. Sur cette base, voyons par quels cheminements elle en est arrivé à ce stade.

  • Quand et pour quelles raisons l’homme a t-il érigé un jour le travail en valeur ? Pourquoi, aujourd’hui encore, reste t-il globalement considéré comme tel ?

  • Pourquoi les sociologues, qui consacrent beeaucoup d'articles et de livres à « la souffrance au travail », et même s'interrogent sur sa signification, ne remettent jamais en cause le fait que les hommes politiques, à gauche comme à droite, en appellent systématiquement à « la croissance » Ne remettent-ils pas en cause sa "valeur" ?

  • Quand est apparu le machinisme et que le travail à la chaîne a été institué, les hommes ont été utilisés comme des machines. Puis, quand ont été intégrés les automatismes, ils ont été remplacés par elles. Protestant régulièrement contre la pénibilité des tâches, ils ont rarement critiqué le machinisme lui-même. Pourquoi ?

  • Pourquoi des millions d’individus sont-ils aujourd’hui privés d’emploi alors que d’autres, également fort nombreux, voudraient travailler moins longtemps ?

  • Si un homme produit moins qu’un robot, que vaut son travail par rapport au sien et que vaut-il lui-même par rapport à lui ? Faut-il se réjouir ou se plaindre du fait que le second remplace le premier ? S’il est jugé bon qu’il effectue des tâches pénibles et ingrates à sa place, pourquoi donc le chômage est-il considéré comme un drame ?

  • Si beaucoup d’individus souhaitent travailler moins et moins longtemps, que voudraient-ils faire à la place ?

lecture recommandée : Jacques Ellul:
Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?
Recueil d’articles (La table ronde,  2013)


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