Santé

Maladie traitée, malade oublié
L’homme est-il sujet ou objet de la médecine ?


rencontre avec Michel Cucchi,
directeur d’hôpital, médecin, sociologue

jeudi 30 janvier 2014, 19h
Théâtre Toursky

16, promenade Léo Ferré
Marseille 3ème arr.

« La valeur du médecin diminue en raison directe des moyens d'investigations que lui donne la technique. Plus en il en dispose, plus il s'efface devant eux et renonce à observer et à réfléchir. Le malade de l'avenir est une collection defiches, de graphiques, de nombres et d'enregistrements divers. Un automate   sera le médecin de l'avenir, qui, sans aucune pensée, déduira de ces données   un classement et un traitement ».

Cette description du médecin de l'avenir par Paul Valéry, qui date des années 1940, nous semble étrangement familière aujourd’hui. Une médecine oublieuse des exis-tences, masquée par un rideau de signaux électroniques, conduit à une explosion des maladies chroniques, malgré l’augmentation continue du volume des trans-actions sanitaires. Peut-être efficace pour quelques uns, de plus en plus âgés et de plus en plus riches, elle contribue à la production continue de nuisances pour le plus grand nombre, entrant ainsi en contradiction avec le premier commandement hippocratique : ne pas nuire.

Dans sa quête de santé aseptisée, techno-assistée et tarifée, le système sanitaire perd de vue la santé commune.

  • Dans quelles conditions historiques le système de santé s’est-il modernisé Que faut-il en retenir  ?

  • En quoi la mesure quantitative de la douleur entrave-t-elle la position soignante ?

  • La normalisation et la standardisation des pratiques soignantes sont-elles réellement des gages de "qualité ?

  • Comment l’expansion technoscientifique de la médecine conduit-elle à de nouveaux risques sanitaires ?

  • Après les effondrements moraux du XXe siècle (Shoah, expérimentations nucléaires) auxquels des médecins ont apporté leur concours, quelle fin poursuit donc le système de santé ?

  • Les malades ne participent-ils pas eux-mêmes à l'évolution de l'appareil de santé ?
    Ne sont-ils pas en effet de plus en plus demandeurs en matière de "médecine préventive" ?

  • Pourquoi, en tout cas, au fur et à mesure que se développent les technologies médicales, veulent-ils toujours plus obtenir de garanties ?

  • Pourquoi exigent-ils du médecin - comme dans les entreprises - une "obligation de résultat", allant jusqu'à multiplier les recours en justice en cas d'échec, comme si la médecine était une "science exacte" ?

  • Pourquoi, aux États-Unis principalement, envisage t-on que la médecine ne se contente pas de palier les déficiences naturelles mais qu'elles puissent également "augmenter" les individus, c'est-à-dire les doter de qualités dont la nature ne les a pas pourvue (théories transhumanistes) ?

lecture recommandée Ulrich Beck : La Société du risque.
Sur la voie d'une autre modernité
Flammarion, 2001
Lire notamment les pages 435 à 451


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