Libertés

De la téléréalité à la télésurveillance
La vie privée n’est-elle bientôt plus qu’une vieille histoire ?

rencontre avec Maryse Artiguelong,
secrétaire-adjointe de la Ligue des Droits de l’Homme


mardi 20 mai, 18h15
Institut d'Études Politiques

25, rue Gaston de Saporta
Aix-en-Provence

L’homme n’est pas du tout passionné par la liberté, comme il le prétend. Beaucoup plus constant et profond est son besoin de sécurité, de conformité, d’adaptation, de bonheur, d’économie des efforts. Il est prêt à sacrifier sa liberté pour satisfaire ces besoins. Certes, il ne supporte pas une oppression directe. Mais seul lui est intolérable le fait d’être gouverné de façon autoritaire. Cela, non pas parce qu’il est un être libre mais parce qu’il désire commander et exercer son autorité sur autrui. Finalement, il a bien plus peur de la liberté authentique qu’il ne la désire.

Ce propos de Jacques Ellul invite à redéfinir la notion de liberté et même la démystifier. Or pour comprendre comment la liberté est d’autant plus bafouée que son nom est invoqué, il importe de questionner l’histoire.

  • Qu'entend-on tout d'abord par "liberté" ? L’économie de la planète tout entière est régie par l’idéologie libérale. Mais qu’est ce que le libéralisme sinon "la liberté du renard libre dans le poulailler libre" ?

  • Liberté, égalité, fraternité", c’est beau sur les papiers en-tête et les frontons des édifices publics. Mais dans la réalité, ce sont les valeurs de rendement et d’efficacité qui, au quotidien, priment sur toutes les autres. D’où vient la subversion et pourquoi n’est-elle pas explicitement dénoncée ?

  • Dès lors que l’on prend la peine de justifier une chose, c’est qu’elle n’est pas juste. Si donc la liberté est sans cesse invoquée, c’est sur la base d’un mensonge. Que faut-il alors entendre par« liberté authentique" ?

  • La totalité des technologies aujourd’hui déployées le sont non seulement parce qu’elles sont jugées plus efficaces que le travail effectué par les humains mais parce que "la recherche de l’efficacité maximale en toutes choses" constitue désormais la valeur suprême. Si donc on accepte le principe que des humains (policiers, vigiles…) peuvent et doivent en surveiller d’autres, pourquoi refuserait-on qu’une caméra de télésurveillance - jugée a priori plus efficace qu’eux - les remplace ?

  • Alors qu’avec la téléréalité et les réseaux sociaux, il est d’usage d’exhiber sa vie privée sur l’espace public, pourquoi refuserait-on de se laisser filmer dans la rue  (a fortiori si l’on invoque des raisons sécuritaires) ?

  • La présence permanente d'un "oeil" sur nos activités, censée nous garantir de la sécurité, ne suscite-t-elle pas inalement plus de suspicion à l'égard d'autrui que de réconfort ?

lecture recommandée : Jacques Ellul: Éthique de la liberté
tout particulièrement le premier chapitre (Labor et Fides, 1973)


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