Penser la technique aujourd'hui

FEUILLE TECHNOCRITIQUE

N° 005 de novembre 2024

Lettre à celles et ceux que ça n’intéresse pas vraiment
Gêne dans le genre

Nos intelligences sont capables de mesurer à peu près tout du monde, mais pas l’anesthésie des consciences et leur saturation. Vous, nous, entendons parler ad nauseam de la santé, des cinq légumes par jour, des 10 000 pas, méditation, vaccination, protection, prévention, sécurité… et on ose même la sérénité, bien emmêlée aux catastrophes de partout. Mais c’est du corps des jeunes et très jeunes dont je veux vous entretenir. Et c’est très dérangeant ! Il s’agit d’un mal au sexe de naissance, dont on entend affirmer contre la nature qu’il est « assigné », imposé par la société héréro-normale ! Ce mal au sexe va croître jusqu’à en formuler le malaise avec la phrase magique, soufflée par et sur téléphone : « …né dans le mauvais corps... ». Et dans ce monde à l’image et au clic faciles, la réponse numérico-bienveillante arrive très vite, avec soutien affectif garanti, et adresse ad hoc (psy, endocrino). Le processus du besoin de transition à ce qui se nomme « dysphorie de genre » s’enclenche ainsi plus ou moins vite selon les lieux d’habitation, leurs lois ou en leur absence. À partir de là on devient une future victime choyée, protégée par l’écran et sa « communauté » aimante et salvatrice. Mais il est possible, et pas uniquement pour moi qui vous écris, de ne pas trouver très normale (mot suspect de fascisme) l’augmentation impressionnante de ces demandes liées au genre, à la place du sexe. Avec une inversion notoire ces dernières années, chez les filles de plus en plus nombreuses à souhaiter devenir des garçons. Il n’est question ici que de mettre en lumière une incompréhension pesante, anxieuse, à trouver normal - encore ce mot ! - d’invoquer le souci de la santé psychique en prescrivant des médicaments puissants (hormones, bloqueurs de croissance prévus pour des pathologies adultes sauf exception) sur des corps jeunes, sains et en pleine croissance. En France, on affirme « encadrer » (HAS) les parcours de transition. Et si vous avez la curiosité d’examiner les précautions prises par la très Haute Autorité de Santé, « très respectable » - ou plutôt de moins en moins - autour des modalités aux entraves médicales appliquées sur un corps physiquement sain, accompagnant toujours avec bienveillance le déni de sa sexuation biologique, cela fait plus que réfléchir ! Il y a dans la présente lettre une vive et urgente sollicitation à vous, nous inquiéter. Parce qu’il s’agit du corps des enfants et des adolescents pris dans des processus irréversibles les rendant médicalement dépendants à vie, handicapant leurs capacités reproductives, leur plaisir, et mutilant les organes génitaux pour ceux qui vont jusqu’à la chirurgie (avec beaucoup d’argent pour le choix du meilleur technicien habile à recréer des sexes). Certains s’en tiennent à la prise d’hormones, également à vie. Notre responsabilité n’est-elle pas de soutenir bien fort que :

ON NE TOUCHE PAS
AU CORPS DES ENFANTS ET DES ADOS
Le mutiler est assassin.

Quant aux adultes, qu’ils s’en amusent ou non, ça les regarde ! Et même, 16 ans c’est encore bien jeune pour se laisser esquinter un corps pas vraiment terminé, non ? Libération sexuelle naturelle oblige, et non celle, infiniment trouble et trompeuse, déversée à foison sur internet, pour qui s’y colle.

R.

 

ÉOLIENNES EN MER
ÉPISODE 1 - Éoliennes offshore : la propagande

En mars 2022, le préfet du Morbihan accompagné d'un aréopage de technocrates planificateurs est venu à Belle-Île-en-mer confirmer qu'à 20 km de la côte classée Natura 2000 s'élèveraient bientôt une quinzaine puis un trentaine d'éoliennes. Nous savons désormais qu'elles mesureront 320 mètres de hauteur. Une gigantesque zone industrielle devant nos yeux. Les technocrates venus de « la métropole » - lapsus révélateur de la présentatrice - portaient aux autochtones le message suivant : les éoliennes industrielles sont indispensables, nous n'avons pas le choix. Ils se succédaient à la tribune pour tenter de justifier l'inévitable saccage écologique : l'urgence climatique nécessite une baisse du CO2 donc une généralisation des EnR (« Énergies renouvelables »).

La fable commence néanmoins à se ternir. La transition énergétique est un leurre. Dans le cadre d'une société obsédée par la croissance et la consommation de masse, les énergies ne se substituent pas, elles se cumulent. Preuve en est le programme nucléaire français qui avance au pas de charge malgré l'augmentation des EnR. L'électricité supplémentaire servira à alimenter nos « nouveaux besoins », véhicules électriques ou centres de données nécessaires au développement de la prétendument indispensable « intelligence » artificielle, pendant que des pans entiers de la production continueront de générer de plus en plus de gaz à effet de serre (agriculture industrielle, transports maritime et aérien, acier, ciment ...). Malgré l'augmentation des EnR dans le monde, les courbes d'émission de CO2 sont exponentiellement à la hausse. L'alibi du CO2 ne tient pas.

Mais la machine doit avancer coûte que coûte, et tous les dispositifs qui permettent d'étouffer la contestation sont mis en oeuvre : simulacres de débat public, décret invoquant une raison impérative d'intérêt public majeur autorisant les dérogations à l'interdiction de destruction d'espèces protégées, dématérialisation des enquêtes publiques, simplification des procédures administratives. Le mépris pour la biodiversité et la nature transformées en ressources financières est évident.

Après avoir artificialisé les sols, les avoir pollués, asséchés, déforestés, voici que les industriels technocrates s'attaquent aux océans au nom de l'« économie bleue », poursuivant leur projet d'artificialisation et de destruction systématiques. Les EnR industrielles ne régleront aucun des problèmes écologiques majeurs. Elles permettent par contre de faire croire à la poursuite du système qui est pourtant à l'origine du désastre en cours, moyennant quelques ajustements à la marge.

Depuis mars 2022, le rouleau compresseur est en marche. Les cartes des zones propices à l'éolien industriel offshore viennent de paraître*. Dans le cadre d'une hausse supposée de 35 % de la consommation électrique en 25 ans, c'est environ 2000 éoliennes qui seront installées le long des côtes françaises. Et tant pis pour les mammifères marins et les oiseaux migrateurs en voie d'extinction priés de savoir lire les cartes leur indiquant où se réfugier dans des zones de protection renforcée, dérisoires par leur taille et leur discontinuité.

ÉPISODE 2 à venir : Éoliennes industrielles et « bénéfice de perception »

Pour aller plus loin : Les illusions renouvelables. Énergie et pouvoir : une histoire. José Ardillo. L'Échappée, 2015. Mensonges renouvelables et capitalisme décarboné. Nicolas Casaux. Libre, 2024. Le sens du vent. Notes sur la nucléarisation de la France au temps des illusions renouvelables. Arnaud Michon. Encyclopédie des Nuisances, 2010.

* https://www.eoliennesenmer.fr/

Isabelle Taitt