Rencontres 2022
Crise écologique :
Pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ?
Faculté Jean Monnet,
54 boulevard Desgranges, 92331 Sceaux Cedex.
Salle Georges Vedel (Bât G, 1er étage)
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Historique
Depuis la création de l’association Technologos, en septembre 2012, des assises sont tenues chaque année, au mois de septembre. Depuis l’année 2020, du fait du contexte sanitaire, nous n’avons pu nous retrouver pour échanger et débattre d’un thème.
Cette année, ce serait les 8èmes « Assises ». Mais nous avons souhaité changer le nom de ce moment d'échanges pour « Rencontres ». Un moment aussi particulier, car ce sont les 10 ans de l'association.
C'est en co-organisation avec le laboratoire IEDP et en partenariat avec Sciences Critiques, que ces Rencontres vont se dérouler dans les locaux de la Faculté Jean Monnet.
Vous pouvez les retrouver sur leurs sites respectifs : https://sciences-critiques.fr/ et https://www.jm.universite-paris-saclay.fr/
Présentation
Alors que l’actualité en Ukraine a relégué au second plan les avertissements alarmistes du dernier rapport du GIEC, le climat continue de se réchauffer, les pollutions de se multiplier et le vivant de s’effondrer. L’invasion russe fait flamber le cours des matières premières, hydrocarbures et céréales au premier plan, faisant craindre des rationnements potentiellement catastrophiques. Face à l’urgence, et comme pour la crise sanitaire, les gouvernants tendent à promouvoir toujours les mêmes recettes éculées : sécuriser notre approvisionnement en gaz et pétrole sans réfléchir à l’ampleur de notre consommation, rechercher un productivisme agricole dont on connait les effets délétères… En d’autres termes, les solutions court-termistes sont une nouvelle fois privilégiées au détriment d’une réflexion approfondie fondée sur la compréhension des enjeux de long terme. Or, ces différentes crises sont multidimensionnelles et imbriquées, en fait diverses facettes d’une même crise globale, profonde, anthropologique..
Depuis les débuts de la modernité occidentale au 16ème siècle, les êtres humains se sont progressivement pensés en dehors de la nature, et ont considéré cette dernière comme un réservoir de ressources dans lequel puiser de manière illimitée. Colonisation, révolution industrielle et consommation de masse, les sociétés européennes puis nord-américaines se sont engagées sur un chemin unique dans l’histoire de l’humanité. D’une part, le marché est apparu comme la meilleure forme d’organisation sociale, prenant en charge des pans de plus en plus importants des activités humaines. D’autre part, le progrès technique est devenu l’horizon indépassable de nos existences, justifié par la recherche de « l’efficacité maximale en toutes choses ». La civilisation occidentale a acquis un tel pouvoir d’agir qu’elle met aujourd’hui en danger le vivant.
De tout temps, l’activité humaine a contribué à modeler la nature et les paysages. Ce n’est toutefois que depuis deux siècles de capitalisme industriel qu’elle les détruit systématiquement, et ce à l’échelle planétaire. Or, les seules « solutions » envisagées par les gouvernants pour contrer le désastre sont d’ordre technologique : bio et nanotechnologies de plus en plus puissantes et intrusives qui nous permettraient de remplacer les ressources fossiles par des matières « renouvelables » et de soigner les maladies créées par nos modes de vie ; géo-ingénierie pour manipuler le climat et la biosphère ; numérique, Big Data et intelligence artificielle à tous les étages pour un monde plus « intelligent » et plus « propre ». Pour les élites politiques et économiques, la transition écologique est d’ailleurs récemment devenue écologique et numérique. Ce solutionnisme technologique ne fait qu’approfondir la trajectoire mortifère dans laquelle le monde s’est enfermé, et de plus en plus vite. La puissance de l’action humaine va encore s’accroître, la Terre et le vivant vont être encore plus artificialisés et réifiés qu’ils ne le sont, les montagnes de déchets continueront à grandir, et les êtres humains resteront désemparés face à ce rouleau compresseur.
Sortir de cette folie collective exige à minima de faire un pas de côté et d’identifier les causes profondes de la crise systémique que nous vivons : la puissance technique mise au service du capital, la démesure prométhéenne des moyens mis en œuvre, une science souvent sans conscience qui, comme le disait Rabelais, n’est que ruine de l’âme. Lors de ces Rencontres qui marqueront les 10 ans de Technologos, nous tenterons de donner des éléments pour penser cette dynamique mortifère et armer intellectuellement la critique. C’est le préalable à toute action. Nos Rencontres se feront en partenariat avec Sciences Critiques, et se dérouleront en trois temps, trois demi-journées. Dans la première, nous ferons un état des lieux de la dimension technique de différentes facettes de la crise globale. La deuxième demi-journée sera consacrée à une critique historique et théorique de la technique qui donnera des outils conceptuels permettant de penser la crise écologique. Enfin, dans la dernière demi-journée, nous aborderons la question du comment. Comment penser autrement nos rapports à la nature, d’une manière moins anthropocentrée et plus harmonieuse ? Comment lutter contre le capitalisme technoscientifique et explorer d’autres alternatives ?
Programme
Vendredi matin - Accueil - 9h
- Accueil de la Faculté Jean Monnet
- Présentation de Technologos et de Sciences Critiques
Vendredi matin - La dimension technique de la crise écologique - 9h30 - 12h30
Modérateur : Aude Farinetti, Faculté Jean Monnet
- Biotechnologies et artificialisation de la nature - Hélène Tordjman
- Numérique et extractivisme - Célia Izoard
- Pause 10h45 - 11h00
- L'illusion d'une transition technologique - Alain Gras
- Débat 1 heure
Vendredi après-midi - Critique de la « mégamachine » - 14h15 -18h
Modérateur : Raphaël Brett, Faculté Jean Monnet
- La « Mégamachine », l'idéologie technocrate et la ruine des âmes - Fabian Scheidler
- La résilience : une technologie du consentement - Thierry Ribault
- Pause 15h30-15h45
- « Jacques Ellul, toujours là » - Jean-Luc Porquet
- La colonisation des imaginaires - Serge Latouche
- Débat 1 heure
Samedi matin - Perspectives et luttes - 9h - 12h30
Modérateur : Anthony Laurent
- L’autonomie, réponse au contresens de la « technologie libératrice » - Aurélien Berlan
- « Reprendre la terre » (de L’Atelier Paysan) - Nicolas Decome
- Pause 10h15 - 10h30
- Les luttes au niveau international - Morgan Ody
- Débat 1 heure
Conclusion par Laurent Fonbaustier, Faculté Jean Monnet
Conclusion par Technologos – Sciences Critiques
Samedi après-midi - A noter que le samedi après-midi aura lieu l'assemblée générale de l'association
Contact : rencontres@technologos.fr
Plan d'accès
RER B, station robinson : prendre la sortie 2 avenue de la gare ; en sortant prendre à gauche et puis prendre la 2ème à droite, boulevard Desgranges.
Distance environ 500-600 mètres.
Biographie courte des conférenciers
Alain Gras est sociologue. Il a soutenu une thèse d'État sur Les formes du temps social sous la direction de G. Balandier en 1984.
Ouvrages récents :
- Oil. Petite anthropologie de l’or noir aux Éditions B2 - 2015.
- La servitude électrique, du rêve de liberté à la prison numérique, avec Gérard Dubey, aux Éditions du Seuil - 2021.
Hélène Tordjman est maître de conférences à l’Université Sorbonne-Paris Nord et membre du Centre de Recherche en économie Paris-Nord (CNRS-UMR 7234).
Ouvrage récent :
- La croissance verte contre la nature. Critique de l'écologie marchande, aux Éditions La Découverte, Paris - 2021.
Celia Izoard est journaliste indépendante. Elle a fait des études de philosophie et traduit des ouvrages critiques de la technologie moderne. Elle a été inculpée pour la destruction de machines biométriques en 2005.
Ouvrage récent :
- Merci de changer de métier : Lettres aux humains qui robotisent le monde, aux Éditions de la Dernière Lettre - 2020.
Fabian Scheidler a étudié l'histoire et la philosophie, puis la direction théâtrale à Francfort-sur-le-Main. Depuis 2001, il est écrivain indépendant, pour la presse écrite, la télévision, le théâtre et l'opéra.
Ouvrage récent :
- La fin de la Mégamachine, collection Anthropocène, aux Éditions du Seuil, 2020 (traduction de Aurélien Berlan).
Thierry Ribault est chercheur en sciences sociales au CNRS, rattaché à l'Université de Lille.
Ouvrage récent :
- Contre la résilience : à Fukushima et ailleurs, aux Éditions L’Echappée - 2021.
Jean-Luc Porquet est journaliste au Canard Enchaîné, spécialisé dans les questions écologiques.
Ouvrages récents :
- Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu, aux Éditions Le Cherche-Midi - 2012.
- Le grand procès des animaux, aux Éditions du Faubourg - 2021
Serge Latouche est économiste et professeur émérite à l’Université de Paris-Sud. Il est l’un des principaux économistes français préconisant la décroissance en économie.
Ouvrages récents :
- Comment réenchanter le monde : La décroissance et le sacré, Bibliothèque Rivages - 2019.
- La Décroissance, Paris, collection « Que sais-je ? » - 2019.
Aurélien Berlan est agrégé de philosophie. Il a soutenu sa thèse de philosophie en 2009 sous la direction de Axel Honneth et Catherine Colliot.
Ouvrage récent :
- Terre et liberté : La quête d'autonomie contre le fantasme de délivrance, aux Éditions la Lenteur - 2021.