Santé 

Pesticides, OGM, nanoparticules...
Quels choix opérer après le scandale de l'amiante ?

L'Union européenne estime à près de 150 000 le nombre de produits chimiques présents sur le marché européen et à plusieurs centaines de milliers le nombre de produits synthétiques commercialisés chaque année par l'industrie. Qui plus est, elle prévoit que ce chiffre augmente de 80% entre 2010 et 2020.

Ainsi, alors que nos corps sont déjà exposés à des ondes et des rayonnements ionisants de toutes sortes, une masse gigantesque de pesticides, médicaments et hormones de synthèse, plastiques, détergeants, molécules organiques produites par génie génétique (OGM), nanoparticules... constituent peu à peu notre notre nouveau milieu, relèguant l'ancien - la nature - au rôle du jardin décoratif dans la cité.

Mais combien parmi nous savent qu'à peine 2% des produits chimiques ont été testés dans leur toxicité ? Qui sait que rien ne contraint les industriels à tester la toxicité des nanoparticules, y compris quand elles sont incorporées dans des aliments ? Ainsi, lentement mais sûrement, des milliers d’objets dont nous ne connaissons pas les propriétés envahissent notre environnement et nos corps sans même que nous le sachions; Or au même moment, les cancers, les pathologies cardio-vasculaires, les maladies auto-immunes (telles que la sclérose en plaque), l'obésité, le diabète, les maladies du cerveau (Alzheimer, Parkinson...) augmentent de façon exponentielle, sans véritablement que la cause de cette augmentation soit clairement questionnée.

Les dirigeants et les actionnaires du secteur industriel - puissants lobbies contournant les fondements de la démocratie, notamment en brevetant le vivant - ainsi que les représentants des États, qui investissent eux-mêmes dans la R&D (Recherche et Développement), se défendent d’une quelconque corrélation entre les deux phénomènes, qualifiant d’écolos attardés et d'anti-progrèssistes celles et ceux qui se "risquent" à demander des comptes. Certes, eux-mêmes ne cessent d'invoquer le principe de précaution et mettent en place un nombre invraissemblable de comités d'éthique. Hélas, dans les faits, leurs justifications et dispositifs ne sont que des écrans de fumée.

Du reste, ce ne sont pas les militants mais des scientifiques qui mettent en évidence les problémes : l'an dernier, des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont démontré les effets redoutables de la plupart des produits que nous ingurgitons chaque jour (Pesticides : les preuves du danger s'accumulent, Le Monde du 13 juin 2013). En définitive, rien, ne change. Au mieux, quand un jour pointe un scandale, comme ceux de l’amiante et du Médiator, tous comme un seul homme se réclament "responsables mais pas coupables" !

Un tel degré d'inconséquence pourrait résulter du fait que la croissance économique étant désormais érigée au rang de dogme, le marché est devenu incritiquable. Dans leur immense majorité, les humains lui sacrifieraient inconsciemment leur santé et même leurs vies plutôt que de le contester. Développée par les militants et intellectuels anticapitalistes, cette thèse ne prend pas compte le fait que si l'appât du profit constitue sans aucun doute le premier stimulant pour les acteurs du système, rien, à première vue, n'explique que les citoyens-consommateurs les laissent durablement agir sans protester.

Qu’est-ce donc qui dope à ce point le marché et le maintient vivace si ce n’est le culte généralisé de l’innovation, la croyance sourde et profonde que ce tout technologique nous serait salutaire ? Qu'est ce qui justifie que les désastres sanitaires successifs ne nous enseignent pas qu'à force de vouloir générer un monde toujours plus artificiel, nous sommes en train decrever d'orgueilEt que faudrait-il faire pour éviter que les "crises", à force de se rapprocher et de s'amplifier, ne nous mènent à la catastrophe généralisée ?

 DÉBAT 

- Jean-Pierre Berlan (économiste et agronome, ex-INRA)
- Jacqueline Collard (association santé-environnement)
- Philippe Chesneau (vice-président du Conseil régional PACA)
- Michel Cucchi (médecin et sociologue, Technologos)

Mercredi 18 mars
17h15 - 19h45

Maison de la Région
61, Canebière
Marseille 1er arr.